Ashley Nord
Ashley Nord, une médaille de bronze sur les moteurs des bactéries
Chez les bactéries, la propulsion dans les fluides s’opère grâce à de véritables moteurs moléculaires, pouvant grimper jusqu’à plus de mille tours par seconde. Ces minutieux assemblages de protéines sont au cœur des travaux d’Ashley Nord, chargée de recherche CNRS au Centre de biologie structurale (CBS, CNRS/INSERM/Univ. Montpellier).
Pour se déplacer dans l’eau ou dans tout autre fluide, les bactéries utilisent leurs flagelles. Ces filaments ultra-performants sont l’un des objets d’étude d’Ashley Nord, chargée de recherche CNRS au Centre de biologie structurale (CBS, CNRS/INSERM/Univ. Montpellier). « Les bactéries possèdent l’un des plus puissants et efficaces moteurs moléculaires connus, s’émerveille la biophysicienne. D’une taille de cinquante nanomètres, il assemble une douzaine de protéines différentes pour effectuer jusqu’à mille rotations par seconde. »
Afin d’étudier les mécanismes physiques sous-jacents aux mouvements du moteur flagellaire bactérien, Ashley Nord a développé des outils de microscopie pour suivre ses rotations avec une meilleure résolution spatiale et temporelle, ainsi que des systèmes de pinces optiques et magnétiques pour mesurer et exercer des forces sur les bactéries. Cela lui a par exemple permis de découvrir que les bactéries étaient pourvues de protéines qui sentent les forces qui s’exercent en retour sur leurs flagelles, ce qui les aide à ajuster leur vitesse en fonction de la viscosité de l’environnement.
Ashley Nord a ensuite étendu ses travaux sur la mobilité individuelle des bactéries à l’étude de leurs comportements en communauté, quand elles se rassemblent pour former des biofilms. Les mêmes systèmes qui leur permettent de mesurer les forces pourraient ici également leur permettre de détecter les interfaces, et donc de savoir quel est le bon pour former un biofilm. Cette vie de groupe limite leur capacité à trouver des nutriments, un problème compensé par la production commune de polymères qui protègent les bactéries contre les antibiotiques et les forces mécaniques.
Recrutée au CNRS en 2018, Ashley Nord ne se destinait pourtant pas à explorer les moteurs moléculaires bactériens. « J’ai commencé par des études de physique et d’astrophysique, ce n’est que lors de mon tout dernier stage à l’université que j’ai découvert la biophysique, reconnaît Ashley Nord. J’ai alors compris que les physiciens et physiciennes avaient beaucoup à offrir à la biologie, une matière que je n’avais pas pratiquée depuis le lycée. Les moteurs moléculaires m’ont ensuite fascinée, ce sont des merveilles d’un point de vue aussi bien physique que biologique. »