Des gels supramoléculaires multifonctionnels

Résultat scientifique

Les nouveaux matériaux dits « intelligents » sont des matériaux multifonctionnels capables de se transformer sous l’effet d’excitations et de s’adapter à leur environnement. Leur préparation reste un défi, relevé par des chimistes de l’Institut de sciences et d’ingénierie supramoléculaires (CNRS/Université de Strasbourg) et des physiciens de l’Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg). Ils viennent de synthétiser un gel supramoléculaire photoluminescent, en mesure de s’auto-réparer et capable de libérer son solvant par simple contraction. Ces travaux sont parus dans la revue Angew. Chem. Int. Ed.

Les matériaux dits « intelligents » sont des matériaux multifonctionnels capables de s’adapter à leur environnement. Ils s’imposent aujourd’hui dans un nombre grandissant de secteurs allant de la médecine à la robotique.

La préparation de matériaux intelligents capables de répondre à des stimuli externes, naturels ou provoqués, et de les traduire en une action macroscopique contrôlable et réversible reste un défi. Dans ce contexte, les chercheurs de l’Institut de sciences et d’ingénierie supramoléculaires et de l’Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg ont réalisé la synthèse de métallopolymères générés par un simple enchainement alterné de ligands organiques et de cations métalliques. Ces polymères supramoléculaires s’organisent sous forme de gels à faible concentration massique (jusqu’à 0.12 % en masse).

Ces gels sont stables, facilement manipulables et peuvent répondre à des stimuli externes. Ils sont luminescents grâce à la présence de fragments organiques π-conjugués. Plus important encore, ces gels sont en mesure de s’auto-réparer grâce à la présence de liaisons métal-ligand dynamiques (Figure 1). Enfin, à la faveur de groupements photosensibles, ces gels sont capables de réagir à la lumière et de libérer le solvant dans lequel ils ont été préparés par contraction du gel (phénomène de synérèse, Figure 2).

Les chercheurs viennent donc de montrer qu’un gel constitué de polymères métallosupramoléculaires pouvait être sensible, adaptatif et évolutif. En utilisant leurs propriétés photomécaniques et photosensibles, leur utilisation en bioingénierie pourrait être envisagée pour par exemple promouvoir localement la libération contrôlée d’un médicament induite par la lumière.

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Figure 1. Auto-cicatrisation du gel. Après la coupure, le gel supramoléculaire cherche à reconstituer le réseau dans un processus auto-réparant.

 

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Figure 2. Le liquide contenu dans le gel peut être libéré par l’action de la lumière. Gel avant (a) et après irradiation (libération du solvant) (b)

 

En savoir plus

Light-Powered Self-Healable Metallosupramolecular Soft Actuators 
E. Borré, J. –F. Stumbé, S. Bellemin-Laponnaz et M. Mauro 
Angew. Chem. Int. Ed., le 18 janvier 2016.

 

Informations complémentaires

1 Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS) 
2 Institut de sciences et d’ingénierie supramoléculaires (ISIS)

Contact

Stéphane Bellemin-Laponnaz
Metteo Mauro
Jean-Michel Courty
Chargé de mission institut
Marine Charlet-Lambert
Chargée de communication
Communication CNRS Physique