Groupe de poissons zèbres nageant dans un réseau d’obstacles de densité variable. Analyse des orientations relatives entre poissons daditsns les cas à très faible et très haute densité d’obstacles © benfilm

La dissolution d’un banc de poissons-zèbres dans une forêt d’obstacles

Résultat scientifique

Des scientifiques du LIPhy ont mis en évidence l'existence d'une transition comportementale lorsque l'environnement de poissons-zèbres devient trop encombré, montrant jusqu’où la structure collective de banc résiste à la complexité structurale du milieu environnant.

L'étude des mouvements collectifs permet de mieux comprendre les structures dynamiques résultant de l'auto-organisation de groupes d'individus. L’organisation en banc des poissons est remarquable car elle se forme dans des milieux très variés tels que la pleine mer ou au milieu des coraux. Les travaux de recherche dans le domaine se sont concentrés jusqu’à présent sur l'étude des bancs dans des milieux simples, dépourvus d’obstacles.

Dans un travail récent, une équipe du Laboratoire Interdisciplinaire de Physique (LiPhy, CNRS / Université Grenoble Alpes) a utilisé une approche mêlant expériences et modélisation pour étudier l’impact d’un milieu complexe sur l’organisation collective d'un banc de poissons. Pour cela, les trajectoires individuelles d'un petit groupe de poissons-zèbres ont été enregistrées en présence d'obstacles dont le nombre et la densité ont été variés. La structure du banc de poissons s’est révélée assez résiliente à l’introduction d’obstacles, gardant une organisation similaire à celle observée en eau libre. Toutefois, lorsque la distance entre obstacles devient suffisamment petite, la structure de banc disparaît progressivement et les poissons se comportent comme s'ils étaient isolés, s’alignant avec l'environnement physique et non plus avec leurs congénères. La densité d’obstacles à laquelle cette transition se produit correspond à une distance entre obstacles proche de la distance typique entre poissons dans un banc non perturbé, c'est à dire leur distance sociale naturelle.

Grâce à un modèle statistique, les ingrédients de cette transition comportementale, de collectif à indépendant, ont pu être analysés en détail. Les physiciennes et physiciens montrent ainsi qu’un environnement structuré peut avoir une influence importante sur le comportement des poissons et que la distance sociale est critique pour maintenir un comportement collectif dans un environnement complexe. Ces résultats contribuent au domaine naissant de la matière active et cognitive, et plus largement à l’étude des comportements d’animaux ou à la robotique en essaim par biomimétisme. Ils sont publiés dans la revue Physical Review E.

Illustration EDDL Dupont
Figure : Groupe de poissons zèbres nageant dans un réseau d’obstacles de densité variable. Analyse des orientations relatives entre poissons dans les cas à très faible et très haute densité d’obstacles © benfilm.

Référence

Behavioral transition of a fish school in a crowded environment, Bruno Ventéjou, Iris Magniez-Papillon, Eric Bertin, Philippe Peyla, et Aurélie Dupont, Physical Review E, publié le 11 Juin 2024.
Doi : 10.1103/PhysRevE.109.064403

Archive ouverte : arXiv

Contact

Aurélie Dupont
Chercheuse CNRS, Laboratoire interdisciplinaire de physique (LiPhy)
Communication CNRS Physique