Bruno Albertazzi
Bruno Albertazzi : la médaille de bronze pour des supernovae de poche
Il recrée des cataclysmes stellaires en laboratoire grâce à des lasers. Bruno Albertazzi, chargé de recherche au Laboratoire pour l'Utilisation des Lasers Intenses (LULI, CNRS / École Polytechnique / Sorbonne Université), a obtenu la médaille de bronze du CNRS 2024 pour son travail sur de multiples plateformes expérimentales.
Passionné d’astronomie depuis l’enfance, Bruno Albertazzi a toujours voulu se consacrer à l’astrophysique. Mais plutôt que de manier un télescope, il est devenu chargé de recherche au Laboratoire pour l’Utilisation des Lasers Intenses, des outils que Bruno Albertazzi emploie pour reproduire des conditions extrêmes que l’on retrouve dans l’univers lointain.
Son expertise exceptionnelle dans le confinement magnétique de la matière à haute densité d’énergie, soumise ensuite à des lasers de puissance tels que les Lasers à électrons libres à rayons X (XFEL), a valu à Bruno Albertazzi de travailler sur des plateformes internationales telles que XFEL SACLA (Japon), LULI2000 (France), OMEGA (USA) et GEKKO XII (Japon).
« Je construis à chaque fois une nouvelle expérience où je focalise un laser sur un espace de dimensions allant du millimètre à quelques dizaines de microns, explique Bruno Albertazzi, que le CNRS a recruté en 2020. Cet espace minuscule est au cœur d’une chambre bien plus grande, où je dispose les appareils qui vont en mesurer les paramètres physiques : vitesse, température et densité du plasma ainsi formé. »
Bruno Albertazzi crée des plasmas très chauds et peu denses, ou au contraire des plasmas extrêmement denses, mais à courte durée de vie. Il développe ensuite des lois d’échelle pour comparer ce qu’il observe dans les espaces confinés des laboratoires avec la réalité de l’infiniment grand. Il a par exemple étudié l’évolution d’instabilités, dites de Richtmyer-Meshkov et de Rayleigh-Taylor, que l’on retrouve dans les nuages interstellaires. Il explore ainsi comment elles sont créées et perturbées par des chocs radiatifs, par exemple dus à l’explosion d’une supernova, puis comment elles se stabilisent.
Bruno Albertazzi a également simulé comment l’explosion d’une étoile peut provoquer la formation d’un nouvel astre. La rencontre violente de matière éjectée par une supernova et un nuage de gaz moléculaire, auparavant en équilibre hydrostatique, entraîne par exemple une forte compression pouvant être favorable à l’apparition de nouvelles étoiles, ou au contraire les inhiber. C’est justement ce qui se serait produit pour notre propre système solaire !