Portrait Pascale Fabre
© Pascale Fabre

Pascale FabreDirectrice de recherche au CNRS au Laboratoire Charles Coulomb (L2C)

Ambassadrice médiation de CNRS Physique

Parcours

Pascale Fabre, directrice de recherches au CNRS, appartient depuis 2015 au Laboratoire Charles Coulomb (L2C) à l'Université de Montpellier, où elle travaille sur la pollution plastique. Après avoir effectué son doctorat en physique au Collège de France, dans le laboratoire de Pierre-Gilles de Gennes, elle a travaillé dans divers laboratoires, dont l’unité mixte de recherches Elf-Atochem à Levallois-Perret de 1996 à 2000, puis le Centre de Recherches Paul Pascal à Bordeaux de 2000 à 2006. En tant que physico-chimiste spécialiste de la "matière molle", elle explore depuis le début de sa carrière les propriétés des matériaux. En particulier, elle a étudié les comportements sous champ magnétique de polymères cristaux liquides, inventé de nouveaux matériaux magnétiques liquides et mis au point des adhésifs à propriétés commutables avec la température ou qui adhèrent en milieu humide, pour ne citer que quelques-uns de ses travaux, ce qui a donné lieu à plusieurs brevets. Dans la logique de ses recherches récentes, Pascale Fabre a créé en 2019 le GDR ‘Polymères et Océans’, un réseau multi-disciplinaire regroupant les scientifiques français qui travaillent sur la pollution de l'océan par le plastique, dont elle a assuré la direction jusqu’en 2023.

Recherches

Pascale Fabre travaille actuellement sur la pollution plastique dans l’océan en général et plus particulièrement sur la (bio-)dégradation des polymères conventionnels ou dits biodégradables. En tant que physicienne dans un domaine encore peu investi par cette discipline, et en collaboration avec des laboratoires d’autres disciplines (écotoxicologie, chimie, microbiologie, …), elle s’intéresse aux mécanismes physico-chimiques par lesquels s’effectue cette dégradation, sous l’effet du soleil, des contraintes mécaniques liées au vent et aux vagues, et des bactéries. Elle a par exemple développé un modèle géométrique de l’érosion de polymères dans l’océan, ainsi qu’un modèle de leur fragmentation qui est en accord avec les données océaniques et permet d’élucider certaines questions récurrentes liées aux quantités de plastique observées dans l’océan. Les expériences sous ‘soleil artificiel’ effectuées en laboratoire visent à comprendre et prédire les comportements des matériaux dans leur environnement. De nouveaux projets tenteront de corréler les effets des micro-plastiques sur un poisson marin, le medaka, avec la dégradation correspondante des particules qui ont été ingérées.

Diffusion des connaissances

Depuis le début de sa carrière, Pascale Fabre a contribué à la diffusion de la science de nombreuses façons : par des articles dans des revues non spécialistes (depuis La Recherche, jusqu’au Courrier du Parlement), des conférences grand public dans des événements dont l’audience peut être très variée (par exemple le festival ‘Musique en chemin’), des émissions radios, des entretiens pour des quotidiens, un clip pour le CNRS, des chapitres de livres grand public (par exemple le Livre vert, vendu en librairie). Elle a également animé et/ou participé à de nombreux séminaires pour Kaos Consulting, où ses compétences en matériaux rencontraient les besoins des entreprises innovantes. Elle s’est formée et a partagé la Fresque du climat avec le public dans divers cadres, privés ou professionnels. Le sujet de la pollution plastique, sur lequel elle travaille actuellement, et qui est éminemment sociétal, l’a conduite à interagir avec les instances politiques à de nombreuses reprises dans un but d’information et d’aide à la décision, en particulier dans le cadre des négociations d’un traité sur la réduction du plastique, lancé par l’ONU en 2022.
 

La pollution plastique : une bombe à retardement ?

Le plastique s’est immiscé partout dans nos vies et a fini par s’infiltrer, partout aussi, dans l’environnement sous forme de déchets visibles et invisibles. Tout le monde le sait et pourtant rien n’y fait, sa production et sa consommation ne cessent d’augmenter. Comment cela a-t-il pu se produire ? Quelles sont ses effets sur la biodiversité et sur notre santé ? Que peut-on faire pour enrayer cette pollution ? Les solutions qu’on applique aujourd’hui, comme le recyclage, sont-elles efficaces ? Autant de questions auxquelles les scientifiques donnent des réponses de plus en plus précises. Dans mon laboratoire de physique, nous essayons de comprendre comment cet objet solide et résistant se transforme en milliards de particules de toutes tailles qui se retrouvent dans l’océan et les rivières, sous l’effet du soleil, des vagues et des tempêtes. Certains physiciens travaillent aussi à modéliser le déplacement de ces particules, expliquant comment elles envahissent nos côtes. Et surtout, que peut faire chacun de nous, simplement et concrètement, pour limiter cette pollution au quotidien ?